« Peut-on célébrer la fidélité de nos jours ? » Se demandait presque insouciamment Rima, une jeune fille de 32 ans. Sa question m’a fait bien réfléchir, moi qui me préparais à célébrer le 25ème anniversaire de ma consécration à l’Amour et à fêter littéralement la Fidélité de Dieu et ma fidélité à Lui.
Fidélité, valeur méprisée ou mal comprise ?
Il est évident que la fidélité vit un certain glissement : on est moins fidèle à une personne, à des convictions et principes, qu’à son propre intérêt et à ambitions
De même, on parle plus de fidélité dans le domaine économique et commercial (client fidèle, carte fidélité, management de la fidélisation…) que dans la sphère des rapports humains (amitié, relation conjugale, familiale…)
La fidélité aurait-elle changé de tente ?!Serait-elle devenue plutôt une valeur économique ?
Jean Bastaire [1], dans son livre « Eloge de la fidélité au temps de l’éphémère » affirme que « La fidélité (fidelitas) est bien l’incarnation de la foi (fides), cette source, cette disposition existentielle, cette sève qui nourrit et fait tenir debout. Cette valeur, n’est pas simplement une donnée mercantile que le marché de travail du 20ème siècle a inventée, la fidélité a sa source en Dieu ! L’Ecriture Sainte reprend ce terme souvent, en l’appliquant tantôt sur Dieu, tantôt sur l’homme appelé à suivre Dieu
Selon l’Ecriture, on peut distinguer trois genres de fidélité:
- La fidélité de l’homme
- La fidélité du croyant
- La fidélité de Dieu
Autrement dit, notre fidélité est intimement liée à la fidélité de Jésus, notre Sauveur. Toutefois, comment expliquer à Rima la fidélité de Dieu ? Généralement, on est fidèle à ce qui est plus grand que soi. Dieu n’ayant rien au-dessus de Lui est absolument fidèle à lui-même. « Il n’y a en Lui ni changement, ni l’ombre d’une variation ». (Jc 1/17). Ses pensées sont immuables, ses paroles sont éternelles, ses actes sont irréprochables.
Saint Paul définit Dieu en sa lettre au Corinthiens comme un Dieu FIDELE (1Cor10/13). C’est sa fidélité qui donnera à ses promesses un plein accomplissement. Il achèvera l’œuvre qu’il a commencée en nous « Je suis persuadé que celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre la rendra parfaite pour le jour de Jésus Christ ». (Ph 1/6)
Ainsi, la fidélité de Dieu est constance et perfection qui consistent en l’action continue de son amour envers ses enfants, à travers les temps et malgré les obstacles.
Loin de tout attachement à des principes ou normes, ma fidélité (à l’instar de la fidélité chrétienne) est active et positive. Elle est liée à la personne du Christ ! Notre fidélité se renouvelle tous les jours dans la liberté et l’amour. Ces vingt-cinq ans passés dans la maison du Seigneur m’ont profondément appris que « Dieu est un Roc imprenable, et qu’il ne reprend jamais sa Parole !
Aurions-nous raison de célébrer la fidélité religieuse ou conjugale dans une société qui se nourrit de l’immédiat et de l’éphémère ?
[1] Jean BASTAIRE, chrétien marqué par Péguy, Claudel ou Teilhard de Chardin, est l’auteur de nombreux ouvrages, dont : Pour un Christ vert (Salvator, 2009), La Création, pour quoi faire ? (Salvator, 2010)