Le respect de la Création nous renvoie à nos vœux d’obéissance et de pauvreté

Les Sœurs de la Charité sont arrivées à La Roche/Foron en 1841. Elles participent pleinement à la vie de la paroisse Sainte-Marie et à la vie diocésaine.

Sous l’impulsion de sœur Marie-Joseph, la communauté a entrepris une réflexion sur l’écologie intégrale, à la lumière de l’encyclique Laudato si’, dans la perspective de la démarche Église verte.

« Nous sommes un couvent où vivent quinze sœurs – dont une novice – avec une maison d’accueil », explique sœur Marie-Françoise Dafflon, la responsable de la communauté. « Cette fonction d’accueil est essentielle pour nous : notre position géographique centrale conduit de nombreux groupes à se retrouver ici pour des temps de formation, des rencontres spirituelles, fraternelles. Tous apprécient la paix, la beauté du cadre, le silence. Malheureusement, la maison d’accueil a été fermée de longs mois en 2020 et l’est à nouveau depuis mi-octobre ». « Bien sûr, nous avons la chance de vivre en communauté, mais c’est vraiment une souffrance de ne plus pouvoir accueillir les groupes ou les personnes qui passaient simplement prendre un café. Cela nous rend solidaires de ceux qui vivent cette période dans la solitude » renchérit sœur Yvelise. « Nous poursuivons notre fonction d’accueil différemment » indique sœur Marie-Joseph, « par les contacts téléphoniques, le fait de donner à manger à ceux qui frappent à la porte. Et on prend les gens dans notre prière ».

A partir d’extraits de Laudato Si’, les sœurs ont relu individuellement et collectivement leur relation à la Création. « Pendant le premier confinement, nous avons regardé autrement, avec plus d’attention, les plantes, les arbres, les oiseaux qui sont dans le parc. Nous nous sommes émerveillées de ce qui nous était donné chaque jour par la nature », explique sœur Yvelise.

Ensemble, elles ont recensé les actions déjà mises en place pour préserver l’environnement : tri des matériaux, remplacement des gobelets par des verres, compost des épluchures, tri des médicaments, tonte de la pelouse par un troupeau de moutons, récupération d’eau pour arroser les fleurs, attention portée à l’utilisation du papier… les exemples sont très nombreux et concrets. Les sœurs font un parallèle entre leurs vœux religieux et l’attention à porter à la Création : « En conformité avec notre vœu de pauvreté, notre mode de vie est sobre, modeste. La Création est l’œuvre de Dieu, elle ne nous appartient pas, nous n’en sommes que les ouvriers. Le respect de la Création nous renvoie également à notre vœu d’obéissance » expliquent-elles.

Habitées par un souci de justice, elles ont souhaité que les personnes employées à la Maison d’accueil ne soient pas lésées par la fermeture, bien que celle-ci porte atteinte aux ressources financières de la communauté et ont réorganisé leur travail. « Tout est lié » dit le Pape et les sœurs l’ont bien compris.

« Nos initiatives sont modestes, mais la somme de tous ces petits gestes est importante« , souligne Sœur Paule-Véronique ; « de même chacune des sœurs, quel que soit son âge, participe à la vie de la communauté ainsi nos petites actions contribuent à construire la Maison commune dont parle le pape, où chacun prend sa part ».

« Laudato si’ semble plus actuel aujourd’hui qu’en 2015 » conclut Sœur Marie-Françoise. « Le respect indispensable de la Création, la relation avec les pauvres, la fragilité de notre humanité qui sont au cœur de ce texte ont bien été mis en avant avec cette pandémie ! A nous de vivre notre charisme dans la relation à Dieu, aux autres, à nous-mêmes et à la nature ».

Article pour « Catholiques 74 (mars 2021) » par Anne Lamour