La réponse à la pandémie du nouveau coronavirus en Afrique : longue et périlleuse.
Espoir et prudence se conjuguent
Espoir ! C’est le mot que fredonnent, sans lire ouvertement, les évêques du Lesotho qui ont publié, le mercredi 17 juin 2020, des directives pour la réouverture des églises à partir du 5 juillet prochain. Cette prise de position des prélats lesothans intervient six semaines après que le gouvernement de leur pays ait levé le confinement national dû à la Covid-19. Après une si longue période d’attente, les évêques ont finalement demandé à leurs prêtres de rencontrer leurs comités paroissiaux pour mettre en place des protocoles d’hygiène contre la propagation du nouveau coronavirus. Les prêtres doivent également programmer les messes dominicales en observant un nombre maximum de 50 fidèles selon les directives du gouvernement. La participation à la messe est conditionnée par le port des masques, le lavage des mains ainsi que l’inscription dans un registre contenant les coordonnées de tous les fidèles. Pour couronner le tout, les évêques recommandent une heure au maximum pour la durée des célébrations eucharistiques.
Epée de Damoclès sur le Ghana
Si au Lesotho espoir et prudence se conjuguent, au Ghana l’épée de Damoclès plane encore sur les fidèles. En effet, un évêque d’origine ghanéenne exerçant son ministère au Botswana s’est dit préoccupé par le fait que ses compatriotes risquent la contagion à la Covid-19 à cause de l’organisation des mariages et des enterrements coûteux, dans l’oubli total des mesures barrières. A en croire Mgr Frank Nubuasah, évêque de Gaborone au Botswana, le Ghana gagne toujours lorsqu’il s’agit de témoigner de son amour aux illustres disparus. « J’ai vu des funérailles dans d’autres pays, y compris dans les pays riches, mais au Ghana, c’est devenu une sorte de compétition pour montrer son amour à une personne décédée », a déclaré Mgr Nubuasah.
Les refugiés ne sont pas en reste
Le même son d’alarme a été lancé en Ouganda par les membres de l’Institut religieux des Salésiens de Don Bosco qui servent dans le camp de réfugiés de Palabek. Les religieux de Don Bosco ont signalé le non-respect des mesures de précaution contre la Covid-19 de la part des réfugiés. « Nos réfugiés ne suivent pas les règles qui pourraient contrôler la propagation du virus », a déclaré le père Jeffrey Albert, l’un des responsables en service à Palabek, un camp de l’archidiocèse de Gulu en Ouganda. Selon les Salésiens, le camp est évidemment un lieu à grand risque en raison de sa grande population estimée à 56. 000 réfugiés, dont la majorité provient des diocèses de Malakal et de Torit dans le Soudan du Sud voisin.
Non je ne mourrai pas, je vivrai !
Les pays ici cités ne dépeignent que les situations particulières des Eglises locales. Une généralisation abusive n’est certes pas recommandée. Mais, il reste que le visage africain balafré par la Covid-19 est loin de retrouver sa beauté originaire dans tous les coins du continent. Quoi qu’il en soit, ce n’est en rien une occasion de perdre espoir. Car, l’Afrique ne mourra pas. Elle vivra (Cf. Psaume 118 :17).
Camille Mukoso, SJ (avec aciafrique) -Cité du Vatican