Sr Marie Rached nous partage son expéience d’espérance en ces temps durs que vit le Liban et les effets de la crise économique que vit le pays.

« Cela fait quelque temps déjà que je tiens au fond de moi-même comme un journal de grâces. Intime, je le gardais dans mon cœur. Je louais le Seigneur, je le remerciais, je témoignais de sa présence active dans les personnes que je rencontrais et dans les événements que je vivais. J’en parlais quelquefois, je racontais à quelques-uns, mais oui, tandis que les paroles dites sont l’otage de la mémoire qui, fort probablement, les libèrera un jour, les paroles écrites, elles, frôlent l’éternité. Alors aujourd’hui, j’écris à moi-même et à tout le monde, le journal de l’Espérance.

La situation de crises, au pluriel, dans laquelle sombre le Liban il y a presque un an, et qui s’est aggravée suite à l’explosion du Port de Beyrouth le 4 août, n’est ignorée de personne. Et nous, en tant qu’École du Saint Enfant Jésus de Besançon Baabdath, nous vivons les répercussions : des parents d’élèves licenciés, d’autres touchant la moitié de leurs salaires, le Coronavirus, la crise du dollar… bref, tous les facteurs qui menacent nos portes de fermeture définitive.

Notre groupe média a vite réagi. Il a préparé une vidéo intitulée : « pour que le banc que j’occupais ne soit vide » qu’il a postée sur les réseaux sociaux de l’école faisant appel à tous nos anciens élèves et à tous nos amis et partenaires pour aider nos élèves actuels à poursuivre avec nous leur parcours scolaire, et donc notre établissement à subsister pour les générations futures. Effectivement, les transferts ont afflué à notre compte bancaire provenant d’anciens élèves vivant à l’extérieur du pays, pour certains, encore étudiants, la contribution était retranchée de leur argent de poche ; et les résidents eux, de leur côté, ont assumé leur part de soutien et de solidarité.

Une mère est venue me voir. Elle voulait retirer sa fille du cycle secondaire. Elle ne pouvait plus payer sa scolarité pour les classes du secondaire. « Elle ne quittera pas l’école » lui dis-je, « nous nous aiderons ! Paie autant que tu peux et nous nous débrouillerons pour le reste ». Oh promesse exaucée ! Le lendemain, une ancienne élève nous appelle pour dire qu’elle souhaite prendre en charge la scolarité complète d’un élève, du cycle secondaire tout particulièrement.

L’autre jour, j’avais une rencontre en ligne avec les parents. J’étalais les vertus de la solidarité entre tous les membres de la communauté éducative : parents, enseignants, élèves actuels et anciens, Congrégation et Eglise locale ou universelle ; plus on est solidaire, plus on traverse la tempête courageusement ; et je citais notre patronne Sainte Jeanne-Antide qui disait : « Un frère aidé par son frère, est comme une ville fortifiée !» Ce jour même, j’avais promis à une mère d’une famille frappée par la crise financière une réduction de 2 millions de Livres Libanaises sur la scolarité de ses deux enfants. Et voilà que le lendemain, un des parents qui ont assisté à la réunion en ligne du jour précédent, vient m’offrir une somme de 2 millions de Livres Libanaises, exactement égale à la réduction que j’avais promise ! J’ai pleuré d’émotion. J’étais exaucée. Je ne suis pas seule.

Et ça continue. Comme si le cœur de chaque membre de notre famille éducative battait mieux à l’unisson. Comme si nos mains travaillaient ensemble. Comme si nous étions reliés les uns aux autres par un fil divin qui harmonise nos pensées et nos gestes. Nous ne sommes pas seuls.

Je déclare et je témoigne :

Avec le vent violent de chaque jour, vient sa douce brise !

Dans l’impossible de chaque situation, survient la grâce de Dieu et son miracle !

Je déclare et je témoigne :

Ces petits gestes, comme des vitamines, entretiennent en nous l’amour gratuit et la patience. Ne sont-ils pas un reflet du plus grand Amour de Dieu qui ne peut oublier ses enfants ? Cette solidarité n’est–elle pas un baume qui apaise, rassure nos esprits troublés et fait naître en nos cœurs cette vertu, qui entretient en nous l’amour de la vie, qui s’appelle Espérance !

Je déclare et je témoigne :

C’est le Seigneur qui est présent et qui travaille à nos côtés ! Maintenant et à tout moment, Il est là et ses pas croisent les nôtres !

Sr Marie Rached