Chers frères et sœurs, Joyeux Noël !
La Parole de Dieu, qui a créé le monde et donne un sens à l’histoire et au cheminement de l’homme, s’est faite chair et est venue habiter parmi nous. Elle est apparue comme un chuchotement, comme le murmure d’une brise légère, pour frapper de stupeur le cœur de tout homme et de toute femme qui s’ouvre au mystère.
Le Verbe s’est fait chair pour dialoguer avec nous. Dieu ne veut pas faire un monologue, mais un dialogue. Parce que Dieu lui-même, Père et Fils et Saint-Esprit, est dialogue, communion éternelle et infinie d’amour et de vie.
En venant dans le monde, le Verbe incarné nous a montré la voie de la rencontre et du dialogue. Mieux, il a incarné lui-même cette voie afin que nous puissions la connaître et l’emprunter avec confiance et espérance.
Sœurs, frères, « que serait le monde sans ce dialogue patient de tant de personnes généreuses qui ont maintenu unies familles et communautés ? » (Enc. Fratelli tutti, n. 198). Nous en sommes encore plus conscients en ces temps de pandémie. Notre capacité à entretenir des relations sociales est mise à rude épreuve ; la tendance se renforce à se replier sur soi, à faire cavalier seul, à renoncer à sortir, à se rencontrer, à faire des choses ensemble. Egalement au niveau international il y a le risque de ne pas vouloir dialoguer, le risque que la crise complexe incite à choisir des raccourcis plutôt que les chemins plus longs du dialogue. Mais en réalité, seuls ces derniers conduisent réellement à la résolution des conflits et à des bénéfices partagés et durables.
Alors que l’annonce de la naissance du Sauveur, source de la vraie paix, résonne autour de nous et dans le monde entier, nous voyons encore beaucoup de conflits, de crises et de contradictions qui semblent ne jamais devoir finir ; et nous ne les remarquons presque plus. Nous nous y sommes tellement habitués que d’immenses tragédies passent désormais sous silence. Nous risquons de ne pas entendre le cri de douleur et de désespoir de tant de nos frères et sœurs.
Nous pensons au peuple syrien qui connait depuis plus d’une décennie une guerre ayant fait de nombreuses victimes et un nombre incalculable de réfugiés. Nous regardons l’Irak qui peine toujours à se relever après un long conflit. Nous entendons le cri des enfants s’élever du Yémen où une terrible tragédie, oubliée de tout le monde, se déroule en silence depuis des années, faisant des morts chaque jour.
Nous rappelons les tensions permanentes entre Israéliens et Palestiniens, qui s’éternisent sans solution avec des conséquences sociales et politiques toujours plus importantes. Nous n’oublions pas Bethléem, le lieu où Jésus a vu le jour, qui connaît également des moments difficiles en raison des difficultés économiques causées par la pandémie empêchant les pèlerins de se rendre en Terre Sainte, avec nombre d’effets négatifs sur la vie de la population. Nous pensons au Liban qui souffre une crise sans précédent, avec des conditions économiques et sociales très préoccupantes.
Mais voilà, au cœur de la nuit, le signe de l’espérance ! Aujourd’hui, « l’amour qui anime le soleil et les autres étoiles » (Par., XXXIII, 145), comme l’écrit Dante, s’est fait chair. Il est venu sous forme humaine, il a partagé nos drames et brisé le mur de notre indifférence. Dans le froid de la nuit, il nous tend ses petits bras : il a besoin de tout mais il vient tout nous donner. C’est à lui que nous demandons la force de nous ouvrir au dialogue. En ce jour de fête, nous l’implorons de susciter dans le cœur de chacun des désirs de réconciliation et de fraternité. C’est à lui que nous adressons notre supplication.
Enfant Jésus, donne la paix et l’harmonie au Moyen-Orient et au monde entier. Soutiens ceux qui s’engagent à fournir une aide humanitaire aux personnes contraintes de fuir leur patrie. Réconforte le peuple afghan qui, depuis plus de quarante ans, est durement éprouvé par des conflits qui ont poussé de nombreuses personnes à quitter le pays.
Roi des Nations, aide les autorités politiques à pacifier les sociétés ravagées par les tensions et les conflits. Soutiens le peuple du Myanmar où l’intolérance et la violence touchent souvent aussi la communauté chrétienne et les lieux de culte, et obscurcissent le visage pacifique de cette population.
Sois la lumière et le soutien de ceux qui croient et œuvrent, même à contre-courant, en faveur de la rencontre et du dialogue, et ne laisse pas les métastases d’un conflit gangréné se propager en Ukraine.
Prince de la Paix, aide l’Éthiopie à retrouver le chemin de la réconciliation et de la paix par une discussion sincère qui mette les besoins de la population au premier plan. Ecoute le cri des populations de la région du Sahel, qui connaissent la violence du terrorisme international. Tourne ton regard vers les peuples des pays d’Afrique du Nord qui sont frappés par les divisions, le chômage et l’inégalité économique ; et soulage la souffrance des nombreux frères et sœurs qui souffrent des conflits internes au Soudan et au Sud-Soudan.
Permet que prévalent dans le cœur des peuples du continent américain les valeurs de solidarité, de réconciliation et de coexistence pacifique, à travers le dialogue, le respect mutuel et la reconnaissance des droits et des valeurs culturelles de tous les êtres humains.
Fils de Dieu, réconforte les victimes de la violence contre les femmes qui sévit en ce temps de pandémie. Apporte l’espérance aux enfants et aux adolescents victimes de harcèlement et d’abus. Donne consolation et affection aux personnes âgées, en particulier à celles qui sont les plus seules. Donne sérénité et unité aux familles, premier lieu d’éducation et base du tissu social.
Dieu-avec-nous, accorde la santé aux malades et inspire toutes les personnes de bonne volonté à trouver les solutions les plus appropriées pour surmonter la crise sanitaire et ses conséquences. Rend les cœurs généreux afin que les traitements nécessaires, notamment les vaccins, puissent parvenir aux populations les plus démunies. Récompense tous ceux qui font preuve d’attention et de dévouement en s’occupant des membres de leur famille, des malades et des plus fragiles.
Enfant de Bethléem, permets aux nombreux prisonniers de guerre, civils et militaires, des récents conflits, ainsi qu’aux personnes emprisonnées pour des raisons politiques, de rentrer rapidement chez eux.
Ne nous laisse pas indifférents face au drame des migrants, des réfugiés et des personnes déplacées. Leurs regards nous demandent de ne pas nous détourner, de ne pas nier l’humanité qui nous unit, de faire nôtres leurs histoires et de ne pas oublier leurs tragédies [1].
Verbe éternel qui t’es fait chair, rends-nous attentifs à notre maison commune qui souffre elle aussi de la négligence avec laquelle nous la traitons si souvent, et pousse les autorités politiques à trouver des accords efficaces pour que les générations à venir puissent vivre dans un environnement respectueux de la vie.
Chers frères et sœurs, les difficultés de notre époque sont nombreuses, mais l’espérance est plus forte car « un enfant nous est né » (Is 9, 5). Il est la Parole de Dieu, et il s’est fait nourrisson capable seulement de crier, ayant besoin de tout. Il a voulu apprendre à parler, comme tout enfant, pour que nous apprenions à écouter Dieu, notre Père, à nous écouter les uns les autres et à dialoguer en tant que frères et sœurs. O Christ, né pour nous, apprends-nous à marcher avec toi sur les chemins de la paix.
Joyeux Noël à tous !